dimanche 13 avril 2008

La fille de Peeta


Peeta-Peter affiche ses prénoms et son nom sur un avant bras musclé, un tatouage bien utile en cas d’amnésie ! Il s’appelle Peeta mais puisque tout le monde s’obstine à dire Peter, il indique les deux prénoms et chacun choisit. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de son copain Yvon et plus rien ne compte que de se torcher à l’Hinano au bistrot du coin pour fêter ça, accompagné par deux chiens bien sympas « Whisky » et « Bouchon ».


58 ans, originaire des Samoa, l’un de ses grands-pères était un norvégien. Cet ancêtre fabriquait des cotres en bois. Peter est veuf, sa femme est morte il y a quatre ans, d’un cancer, il ne comprend toujours pas pourquoi elle devait souffrir comme cela. Aujourd’hui, il cherche une nouvelle femme. On peut dire qu’il est honnête dans sa quête car à peine formulé son souhait, il informe que ça l’arrangerait bien pour tenir la maison et s’occuper des trois enfants. L’aîné a 16 ans, le cadet 12 et la benjamine 10. Ça a le mérite d’être clair.


Il est plutôt bel homme, un regard clair, une poignée de main franche et un parler sonore. Quand ce n’est pas l’anniversaire d’un copain, il cultive des tarots et des pamplemousses et puis, il pêche bien évidemment. Il habite à la pointe de Maupiti, à côté de la plage d’Otue Terei’a qui se termine sur la barrière de corail. Un site merveilleux, presque personne n’y passe. Là, Yasmina, la fille de Peeta vient, après l’école, jouer avec l’un de ses frères. Aujourd’hui, ils entreprennent la construction d’un château de sable, sans grande conviction.


Cinq heures, Peter vient examiner la mer et le ciel, toujours flanqué des deux clébards. « C’est la nouvelle lune, c’est pour cela que la mer est agitée mais demain ça va s’arranger » commente t-il un peu pour moi, un peu pour lui-même. Puis je me retrouve seule et longeant la plage pour regagner la route, j’aperçois devant moi des centaines de coquillages progressant vers la mer. Vision un peu surréaliste de sables mouvants, les habitants de ces carapaces se posent et s’immobilisent lorsque je les approche d’un peu trop près, histoire de me faire croire que ce ne sont que de vulgaires coquilles vides. Mais dès que je leur tourne le dos, ils reprennent leur marche silencieuse tandis que, devant moi, d’autres s’arrêtent à leur tour.


La vie à Maupiti s’écoule tranquille, pas d’hôtel, quelques voitures dont on se demande bien quelle utilité elles peuvent avoir, l’île fait 9 kilomètres de long, rares touristes et aucun cargo, la passe est bien trop étroite et dangereuse pour qu'ils s’y risquent. Seuls le petit avion du vendredi et le Maupiti express, vedette rapide font le lien avec le reste du monde. Alors, le temps s’ est arrêté là et c’est bien ainsi.

Février 2003

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