A la station Ujezdé, le funiculaire conduisait au sommet de la colline Petrin en quelques minutes. Nous étions peu nombreux à sillonner le parc et un calme régnait qui accentuait la sérénité du lieu. Les courbes de la Vltava aux flancs desquels s’étirait la ville, se dessinaient paresseusement vers l’horizon. Au pied du mont, une foule dense grouillait dans Mala strana mais rien ne filtrait à cette hauteur. Nous étions au-dessus de la mêlée en quelque sorte.
Quatre apprentis jardiniers apprenaient l’art d’organiser joliment une bordure au pied d’un mur en pierre. Le chien du jardinier en chef dormait, confortablement installé sur la doublure en fourrure synthétique d’une veste posée sur le gazon. Nous sommes entrés dans un petit jardin clos où une végétation de rocailles avait été disposée en un décor qui se donnait des airs sauvages et désordonnés sans trop y parvenir. Sur un hêtre au-delà d’un grillage un écureuil roux très affairé grimpait à vive allure. Un pic vert sur son nid semblait couver tout en nous observant avec une certaine inquiétude.
La femme chargée d’accueillir les visiteurs de l’observatoire affichait un immense sourire qui s’élargit encore lorsque nous lui avons acheté une photo du héros tchèque Stefanik. Nous étions les seuls visiteurs. Une sympathique jeune femme ouvrit pour nous le grand dôme. La couverture nuageuse n’autorisait pas l’observation d’objet purement céleste. Les objectifs furent braqués sur le sommet du belvédère que les constructeurs bâtirent en s’inspirant de la tour Eiffel et nous avons observé des gens, eux-mêmes observateurs de la ville. Au second télescope, l’objet céleste dans la ligne de mire était une cheminée d’usine. Notre virée cosmique ne parvenait pas à décoller. Néanmoins, à la manipulation de ces instruments de haute précision, la magie de l’aventure stellaire opérait. L’espace d’un instant le ciel nous appartenait.