vendredi 23 mai 2008

T : transports


De tous les transports, mon préféré est le transport amoureux, celui qui conduit au septième ciel. Mais il est vrai que personne ne m’a jamais encore conviée à voyager sur un tapis volant.

Fil conducteur du voyage, les moyens de transports dans leur multitude et leur diversité ouvrent la porte de mésaventures inégalables plus ou moins plaisantes mais souvent inoubliables.

S’il fallait énumérer tous les moyens de transport que le voyageur peut être amené à emprunter au cours de ses périples, on obtiendrait une liste hétéroclite et pittoresque dans laquelle, la traction animale côtoierait les véhicules à haute performance technologique pour des vitesses de déplacement allant de trois à neuf cents kilomètres à l’heure.

Le voyageur n’a pas le ticket dans les transports collectifs locaux et personne ne lui fait de cadeau bien au contraire. Il devient momentanément un usager au même titre que les autochtones et aucun privilège ne lui est concédé. Soumis aux codes du cru qu’il lui vaut mieux connaître, dans la proximité voire la promiscuité d’un confort aléatoire, il lui est alors possible de savourer un moment de vie locale dans une ambiance brouillonne et désordonnée.

Patience et longueur de temps pour les déplacements au long cours qui créent immanquablement des liens plus ou moins tenus et plus ou moins durables. Sang froid et sérénité pour les déplacements minimes dans de modestes véhicules à deux ou trois roues, uniques en leur genre dont le chauffeur prend tous les risques pour vous conduire le plus rapidement possible vous débarquant blême et sans voix mais bien content d’être arrivé indemne à bon port. Résistance et vigilance pour les trajets juchés sur le dos d’animaux plus ou moins dociles et facétieux toujours prêts à vous abandonner au bord du chemin si l’occasion s’en présente.
Circuler, il y a tout à voir ! Emprunter ce que vous voulez pour voyager mais osez le transport populaire qui prend le temps du déplacement au rythme du pays visité. Transports en commun qui n’ont rien de commun et transportent dans tous les sens du terme laissant des souvenirs impérissables. Emotions garanties.

samedi 10 mai 2008

Istanbul : la crise de la noisette


A Istanbul, rien ne permettait de se rendre compte de la gravité du problème posée par la noisette. Sur le chariot et dans les paniers des vendeurs qui se tenaient près des embarcadères, les petits fruits emballés dans des sachets en papier attendaient les gourmands grignoteurs qui les achèteraient. Je m’attendais à en voir des montagnes et à m’en gaver jusqu’à n’en plus pouvoir. Rien de tel et j’ai failli douter de la véracité d’une dépêche AFP du 14 août 2006 signalant le problème. Libé avait titré « Overdose de noisettes en Turquie » ce qui m’avait donné une folle envie de me précipiter chez l’épicier du coin pour en acheter.

La noisette en crise, ce fait pourrait prêter à sourire si le malaise de la noisette ne touchait pas plusieurs millions de Turcs qui vivent de ce fruit. Avec plus de 80% de la production mondiale, la Turquie est en situation de quasi monopole. Mais, la production excède la consommation mondiale. Les cours s’effondrent. Les dizaines de milliers de producteurs de noisettes sévèrement touchés par la chute des prix sont en colère. Près de 100 000 personnes manifestaient fin juillet 2006 dans la petite ville d’Ordu sur la mer Noire pour que le premier ministre prenne les décisions qui s’imposaient afin de les sortir de ce marasme. Sept ministres se sont penchés sur l’épineux dossier de la noisette. L'Etat a décidé de racheter une partie du surplus pour le distribuer dans les écoles.

Mais tout cela n’a pas suffi pas à calmer les petits cultivateurs endettés qui n’arrivaient plus à écouler leurs stocks. Jusqu’en 2003, l’Union des producteurs de noisettes (Fiskobirlik), achetait les surplus aux petits producteurs et affichait des pertes annuelles moyennes de 50 millions d’euros que le gouvernement épongeait automatiquement. Le Fonds monétaire international (FMI) est depuis passé par là et l’Etat, sommé de réduire ses dépenses budgétaires a laissé tomber son soutien aux noisettes.
Je ne sais si les écureuils turcs se réjouissent de la situation. Mais la banque française qui les a choisis pour en faire le symbole de son fonds de commerce devrait peut-être se faire du souci : thésauriser des noisettes n’est visiblement plus le bon moyen de s’enrichir.
septembre 2006